Mieux comprendre la qualité de l’air intérieur
Les critères de pollution et de confort
Selon l’Observatoire de la qualité de l’air intérieur (OQAI), les espaces clos s'avèrent 5 à 10 fois plus pollués que les espaces extérieurs. De nombreux facteurs influent sur la qualité de l’air à l’intérieur d’un bâtiment. Parmi eux, on retrouve les critères de pollution, à savoir :
- les particules fines, de diamètre inférieur à 10 µm (PM10), susceptibles de pénétrer dans le système respiratoire d’un individu.
- les gaz polluants comme le dioxyde de carbone (CO2), le dioxyde de soufre (SO2) et le dioxyde d’azote (NO2).
Les critères de confort avec la température et l’hygrométrie (c'est-à-dire l’humidité enregistrée dans les pièces) sont aussi des éléments à prendre en considération pour la qualité de l’air, bien qu’ils ne soient pas sources de pollution.
À partir de ces informations, il est possible d'évaluer le confinement de l’air (sa concentration en CO2), l’indice de transmission virale… Mais ces indicateurs ne sont pas toujours nomenclaturés sur la base du modèle mathématique à utiliser.
Les réglementations pour la qualité de l’air
Tout comme l’eau, il existe une législation sur la qualité de l’air. Cependant, elle s’avère moins complète, et plus complexe à interpréter.
On sait pourtant que les valeurs de CO2 supérieures à 1 000 ppm / million ont un impact sur les performances cognitives. Chez les élèves et chez les salariés, ce polluant occasionne des problèmes de concentration ou des maux de tête. Mais sur le plan juridique, rien n’est réellement formalisé : il n’existe pas de seuil de référence à respecter.
La norme NF EN 13 779
Cette norme européenne fixe les exigences à prendre en compte pour la conception des systèmes de ventilation, de conditionnement d’air et de climatisation dans les bâtiments non résidentiels.
Si l’on se réfère à elle, la qualité de l’air est jugée2 :
- excellente pour un niveau de CO2 dans les locaux inférieur à 800 ppm ;
- moyenne pour un niveau de CO2 compris entre 800 et 1 000 ppm ;
- modérée jusqu’à 1 500 ppm ;
- basse pour des valeurs supérieures à 1 500 ppm.
Les recommandations du Haut Conseil de la santé publique
Dans son avis du 21 janvier 2022, le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) considère que l’objectif doit être de maintenir une concentration de CO2 en dessous de 800 pm. Au-delà de 1 500 ppm, des actions correctives doivent être mises en place.
Les risques pour la santé des élèves
Asthme et pollution de l’air
Selon Santé publique France, 10 à 16 % de la population scolaire serait asthmatique, soit deux à trois enfants par classe. Le lien avec la pollution ? Les particules fines peuvent provoquer à court terme, asthme et bronchites, et à long terme, maladies cardiaques ou pulmonaires.
D’autres polluants ont des effets négatifs sur la santé, comme :
- l’ozone qui entraîne des symptômes asthmatiques, une irritation des yeux, du nez et des voies respiratoires – ces dernières peuvent être affectées lors d’expositions prolongées
- les composés organiques volatils (COV) tels que le formaldéhyde, à l’origine d’irritations des yeux, du nez et de la gorge, de maux de tête, de réactions allergiques, voire de cancers ;
- le monoxyde de carbone, provoquant maux de tête, vertiges, nausées et décès ;
- le protoxyde d’azote (NO2), source d’inflammation et de maladies respiratoires.
À retenir
La qualité de l’air est un enjeu de santé publique, mais aussi une question de confort. Elle permet de garantir à tous des conditions d’apprentissage et de travail optimales.
Surveillance de la qualité de l’air intérieur pour les écoles et les entreprises
Les établissements scolaires
Comme dans les crèches et les centres de loisirs accueillant des enfants, un dispositif de surveillance de la qualité de l’air3 a été mis en place dans les établissements scolaires du premier degré (écoles maternelles et primaires) et les établissements d’enseignement du second degré (collèges, lycées…).
Ce dispositif réglementaire s’articule autour :
- d’une évaluation de la qualité de l’air intérieur organisée tous les 7 ans et tous les 2 ans en cas de dépassement des seuils ;
- de la mise en place d’un programme d’actions de prévention selon le guide pratique pour une meilleure qualité de l’air dans les lieux accueillant des enfants4.
Publié en 2017 par le Ministère de la Transition écologique et solidaire, ce guide, organisé en trois parties, est destiné :
- à l’équipe gestionnaire de l’établissement ;
- aux enseignants responsables des élèves dans le périmètre de leur classe ;
- aux personnels techniques en charge de la maintenance.
En l’absence de prévention, des campagnes pour mesurer la qualité de l’air intérieur sont organisées tous les 7 ans par des organismes accrédités.
La température intérieure à respecter
Dans les salles de classe, la température doit être supérieure à 16 °C, sans dépasser les 19 °C.
Les lieux de travail
En milieu professionnel, l’employeur doit maintenir un volume d’air suffisant en intérieur, et garantir un seuil de renouvellement d’air.
On distingue trois types de locaux professionnels :
- les locaux à pollution non spécifique, par exemple un open space ;
- les locaux à pollution spécifique, comme une usine ;
- les locaux sanitaires (toilettes, vestiaires, douches).
L’article R.4222-6 du code du travail prévoit un débit de ventilation mécanique de 25 m3 par heure a minima. Mais ce n’est qu’une partie de la réglementation en vigueur.
Qualité de l'air et Covid-19
Le taux de CO2 augmente en fonction du nombre de personnes présentes dans une pièce. Durant la pandémie, ce critère est devenu révélateur d’un risque de transmission virale. Mesurer le CO2 s’est avéré utile pour savoir quand aérer les pièces pour assainir l’air. L’objectif ? Diminuer le risque de contamination dans les espaces confinés.
Recommandation du Haut Conseil de la Santé Publique pour lutter contre la Covid-19 dans les commerces
« Une mesure de CO2 supérieure à un seuil de 800 ppm doit conduire à agir en termes d’aération / renouvellement d’air et / ou de réduction du nombre de personnes admises dans la pièce. »
Les grands principes à retenir pour les établissements scolaires
La qualité de l’air intérieur dépend de nombreux facteurs, parmi lesquels :
- la localisation – si une école est située, par exemple, à proximité d’axes routiers ou d’industries polluantes ;
- le choix du mobilier – le guide préconise de privilégier des meubles peu émissifs en COV (Écolabel européen, NF Environnement Éducation…) ;
- la ventilation des cuisines et l’entretien des hottes ;
- le nettoyage, car la fréquence du ménage et le choix des produits peuvent avoir un impact sur la qualité de l’air intérieur – il est conseillé d’utiliser des produits éco-labellisés et de former le personnel aux bonnes pratiques dans ce domaine ;
- l’aération des salles où ont lieu les activités pédagogiques – d’où l’intérêt de s’assurer régulièrement du bon fonctionnement des équipements (VMC, bouches d’aération) ;
- l’état des locaux (présence de moisissures ou signes d’infiltration) ;
- la présence de plantes ou d’animaux…
Prendre des mesures claires pour la qualité de l’air, c’est légiférer sur des seuils précis à imposer en dehors de la crise sanitaire. On sait déjà qu’à partir de 1 100 ppm de CO2, la qualité de l’air intérieur est considérée comme dégradée. D’où la hausse du taux d’utilisation de capteurs de CO2 dans les établissements scolaires et les entreprises.
Même si les enjeux d’une bonne qualité de l’air intérieur sont désormais compris, la législation doit encore évoluer en fonction des connaissances scientifiques acquises dans ce domaine. Et cela est vrai pour le CO2 mais aussi pour d'autres paramètres physico-chimiques.
*Ministère de la Transition énergétique, Qualité de l'air intérieur
2Articles L. 221-8 et R. 221-30 et suivants du code de l’environnement
3Pour une meilleure qualité de l'air dans les lieux accueillant des enfants
4Articles R. 241-26 et R. 241-27 du code de l’énergie